J-5, tous sur les starting blocks

Quand d'un seul coup, après des semaines de calme relatif, ton smartphone vibre autant qu'un sextoy, tu as la confirmation que le confinement est sur le point de s'achever.


Depuis 2 jours, les petites icônes WhatsApp et Telegram en haut de mon téléphone n'en finissent plus de s'afficher...
- Coucou, tu vas bien ?
- Hello, tout va bien pour toi ? Tu ne t'ennuies pas trop ?
- Salut ! Petite pensée coquine...
- Bonjour ma belle ! Comment vas tu ?
- Alors, prête ?

Alors que tu as passé 50 jours sans n'avoir quasiment aucune nouvelle de tes sexfriends, mis à part 2 ou 3 qui ont pris le soin de t'envoyer, qui des petits messages sympas et flatteurs, qui des vidéos un peu cochonnes mais drôles, voire avec qui tu as pu papoter, les autres avaient disparu du paysage. Ah non, j'oublie ceux qui ne te contactaient que dans l'espoir que tu combles leur frustration, lassés de YouPorn, et qui devaient se dire que La Passante allait se dévouait, telle la Madone des baiseurs confinés... Bien sûr, tu n'as que cela à faire, coincée dans tes 65 m2 avec ton fils dans les parages...

Mais à 5 jours du déconfinement, tout le monde est dans les starting blocks et se souvient que tu existes ! Pour un peu, j'en souhaiterais que le lockdown se poursuive, ça leur ferait les pieds !
Si je les écoutais mon agenda de la semaine prochaine serait aussi rempli que celui d'Edouard Philippe !
Je ne m'en cache pas, moi aussi, j'ai envie de sexe. 50 jours, c'est quand même long. Bon, ok, j'ai déjà fait une petite entorse à la sortie dérogatoire, mais ce n'est pas de ma faute si le gouvernement n'avait pas prévu la case : Déplacement bref, dans la limite de 3h et dans un rayon de 3 km autour du domicile, lié à un besoin vital d'échanges humains et de fluides. Mais juré craché, une seule fois !
Pas tant par pure frustration (je sais très bien me mettre en mode hibernation, ne vous en déplaise messieurs) que par besoin de me sentir à nouveau vivante et vibrante. Alors, je ne leur en veux pas d'avoir les mêmes envies. Mais se radiner comme une fleur, et en toute hypocrisie en venant prendre de mes nouvelles au bout de 7 semaines ?! Voire plus, parce que je n'avais vu un bon nombre depuis très longtemps, bien avant l'assignation à résidence.
Ils ont quoi dans la tête ? Que je vais sauter dans mon porte-jarretelles et me précipiter pour me faire sauter vite fait, mal fait ?
Passés l'agacement, et les réponses ironiques que j'ai renvoyées à leur soudain intérêt, cela me fait quand même me questionner sur les relations que j'entretiens et l'image que je peux renvoyer aux hommes. J'avais pourtant l'impression de les sélectionner avec soin, même si l'on n'est jamais à l'abri d'erreurs de casting. Je pensais tout de même avoir assez échangé avec eux pour partager une certaine philosophie du sexe. Il semble que je me sois fourvoyée pour certains d'entre eux.
Est ce ainsi qu'il me perçoive ? Celle que l'on peut appeler, contacter, sans vergogne et si peu d'attentions, et qui sera toujours partante pour une partie de jambes en l'air, quelles que soient les circonstances ? Ou pour le dire plus vulgairement : la petite salope toujours prête ? Ou encore plus vulgairement, pour reprendre une expression typiquement masculine, toujours prête (telle une cheftaine scout) pour qui'ls se vident les couilles ?
Mon ego en prend un sacré coup ! Même si je ne devrais pourtant pas m'émouvoir. Je suis parfois naïve. Ou plutôt, je veux encore croire que des hommes peuvent avoir suffisamment de subtilité pour comprendre qu'une femme qui aime le sexe (comme eux), l'assume (comme eux ?), n'attache pas une grande importance à l'exclusivité (pas tout à fait comme eux...) et reste ouverte à de nouvelles expériences (comme eux), mérite un peu plus d'égards et de séduction qu'un "Coucou, tu vas bien ?" pour avoir envie de passer 3h dans (sur) un lit.

Le cliché de la fille facile a encore de beaux jours... 

En attendant, je vais procéder à une sélection drastique des prétendants à qui accorder mes charmes et un profond époussetage de mon carnet de bal. Ça tombe bien, sur Tinder, Happn ou Gleeden, tout le monde est aussi dans les starting blocks. De quoi renouveler mon horizon post-covid. 

Filles faciles - Jean Jacques Goldman

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