En passant...

Comment concilier séduction et féminisme, talons aiguilles et indépendance, sexe et vie de famille ? Comment ne pas faire peur aux hommes quand on aime le sexe, que l'on est libre, affranchie des tabous et des convenances, sincère et spontanée et sapiosexuelle sur les bords ?


Il y a une quinzaine d'années, à la suite d'une rupture aussi houleuse que salvatrice, j'ai fait le saut dans l'univers des sites de rencontres ; et par ce biais, cheminé dans les contrées de plus en plus lointaines d'une sexualité décomplexée et libérée de (presque) toute entrave.
Très vite, j'ai ressenti le besoin d'écrire, tant pour prendre un peu de distance que pour apporter un témoignage sur mon expérience du cul 2.0. Puis, j'ai arrêté (l'écriture pas le sexe) et n'ai rien fait de ces quelques textes, enfouis dans le disque dur de mon ordinateur. 
Puis, il y a quelques mois, j'ai repris l'écriture. Parce que j’empruntais des chemins de moins en moins conventionnels et que je ressentais la nécessité d'avoir un minimum de réflexivité. On n'avoue jamais tout à fait tout à son psy... Les chroniques que je faisais à quelques amies autour d'un verre ont fini de me persuader que ce que j'avais à dire méritait peut être d'être plus largement partagé.

Ce blog se veut donc une modeste contribution féminine sur la sexualité en ce début du 21ème siècle, à l'heure d'un nouvel essor du féminisme, de l'irruption massive du digital dans les rencontres, du parasitage d'une culture porno envahissante.
J'ai beaucoup lu de témoignages sur les sites de rencontres, souvent journalistiques. "Supermarché du sexe", absence de bienséance, vulgarité, ghosting, fakes (faux profils)... Beaucoup de témoignages désabusés ou amers, provenant de femmes ou d'hommes, dans lesquels je ne me retrouve pas.
D'abord, parce qu'ils émanent souvent de vingtenaires ou trentenaires. Comme si les sites de rencontres n'étaient réservés et fréquentés que par de jeunes et sémillants célibataires en quête d'aventures ou de grandes histoires d'amour. Croyez en mon expérience, les sites fourmillent de quarantenaires et cinquantenaires, tout à fait fringuants. Pour la femme que je suis, un vivier infini de rencontres et d'expériences surprenantes et excitantes.
Je ne suis pas née avec internet. Je n'ai pas appris les jeux de séduction par écran interposé. J'ai découvert la sexualité quand le SIDA tuait, quand on dansait des slows dans des boums, puis en boîtes et que l'on rencontrait dans les bars et chez des amis. Et franchement, c'était galère ! Les sites furent (et sont encore) pour moi une formidable ouverture sur le monde, une opportunité de tester et travailler mon pouvoir de séduction, de mettre à profit mon aisance à l'écrit (je vous le garantis, les mecs adorent les femmes qui savent écrire sur le cul sans vulgarité, ni faute d'orthographe), de draguer en dehors de mes cercles de relations, d'explorer sans vergogne des pratiques de moins en moins conventionnelles. Les sites de rencontres ont été mon révélateur de potentiel.
Et comme je suis devenue maman peu de temps après cette nouvelle appréhension de la sexualité, il faut bien avouer que c'est quand même drôlement pratique que de pouvoir butiner le soir sur son canapé pour décrocher des après midis coquins. D'où le grand nombre d'hommes mariés ou en couple parmi mes amants et complices de jeux... Parce qu'au prix du taux horaire de baby sitting, je me serai ruinée en tentant d'aller pécho à l'extérieur. Et tant qu'à sortir le soir, je privilégie les soirées entre amies, parce que j'ai aussi une vie sociale. Bon, mon fils grandit et se garde tout seul, alors si d'aventure, vous étiez célibataire et un peu dispo, je suis maintenant prête à faire l'effort de vous faire une petite place et à vous accorder des nuits...
Ensuite, parce que ces témoignages nous parlent souvent de trouver l'homme ou la femme de notre vie, rencontrer l'amour,... Que les choses soient bien claires, je n'ai jamais usé des sites dans cette optique. Je ne cherche pas le Prince Charmant, ni à refaire ma vie (quelle horreur cette expression ! Comme si quelque chose clochait dans votre vie et que vous comptiez sur l'autre pour faire le ménage et vous remettre dans le bon chemin... Celui du couple évidement !). Je cherche des complices, des partenaires de jeux, des hommes avec qui rire, sortir et baiser (et même faire l'amour, soyons fous). Ce qui ne signifie pas que je cherche des étalons. Quelles que soient mes attentes du moment, car cela varie selon les saisons, j'attends qu'ils aient de l'humour (femme qui rit à moitié dans ton lit... et parce que le sexe doit être gai), de la conversation et un vernis suffisamment solide de culture (oui, j'aime bien que l'on me comprenne quand je parle), qu'ils prennent soin d'eux (avec tous les efforts que je fais, j'en attends tout autant...), qu'ils soient au clair dans leur tête et leurs envies (je ne suis pas psychologue, j'ai déjà bien assez à faire avec mes propres questions existentielles) et surprenants (je ne multiplie pas les conquêtes pour faire toujours la même chose ou baiser conjugalement).


Meetic, AdopteUnMec, OKCupid, Gleeden, Wyylde, Libertic, Tinder... J'ai butiné sur un bon nombre de sites ou applis et je dois dire que j'y ai fait de très belles rencontres (merci à vous !), d'autres moins, et certaines (rares) à passer par pertes et profits mais qui constituent un parfait trésor d'anecdotes pour faire rire mes copines et parfois mes amants.
De mon point de vue, les sites de rencontres sont ce que l'on en fait. Il y en a pour tout les goûts. Il suffit d'être bien au clair avec soi même et avec ses attentes, de ne pas se raconter d'histoires, d'avoir un ego solide... et des ami.e.s pour vous écouter (merci à vous !).
Sur tous les sites, la proportion de femmes est à notre avantage. Avec quelques jolies photos, un profil un peu coquin (mais pas vulgaire) et spirituelle, un bon maniement de la langue (française, le reste c'est pour la suite...), de l'humour et un peu de hardiesse, vous êtes la reine des abeilles et ils tombent touts cuits dans votre escarcelle. Ce qui ne signifient pas que vous allez les garder... Parce que là, les choses deviennent soudainement mystérieuses. Les hommes sont compliqués... Je ne veux pas faire de généralités mais vraiment, j'espère un jour comprendre leur mode de fonctionnement (vous verrez que j'y travaille). Parce qu'entre leur crainte de l'engagement, leur recherche de la bombe sexuelle, leur tendance à l'exclusivité (vous avez dit possessivité ?) camouflée sous un désir de libertinage, leur peur des femmes libres mais dont ils adorent la liberté (quand ça les arrange...), moi, je ne m'y retrouve plus !
J'adore les hommes, avec tous leurs défauts. J'aime leurs faiblesses, leurs rodomontades, leur peur de ne pas être à la hauteur. J'adore qu'ils me trouvent badasse, sexy (et qu'ils me le disent). J'aime sentir leurs corps fermes sous mes doigts, j'aime leur odeur, leur torse, leurs voix, leur plaisir...
Mais qu'est ce que l'on fait de tout cela quand on est féministe ? J'ai aussi envie de parler de ce paradoxe. Comment peut on être féministe et excitée par la soumission ? Comment peut on lire Virginie Despentes et se trouvait super sexy en talons aiguilles et guêpière ? Comment être féministe et se couler si facilement dans les fantasmes masculins sans en perdre son latin ?

En fait, plus je rencontre d'hommes, plus mon féminisme se renforce. Parce que c'est à la fois ma défense, ma force et mon atout.




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