Non, la masturbation ne rend pas frigide... et toujours pas sourde

Ils sont vraiment prêts à tout pour nous gâcher notre plaisir et nous empêcher d'en prendre. Ou alors, un petit problème avec le fait que nous le prenions seules ? Voire même une petite jalousie ? Parce le mec qui te fait décoller aussi vite qu'un Womanizer, il est plutôt rare... (et non, je ne suis pas sponsorisée par la marque) !

Yelp Brooklyn Elite Event at Babeland. Photo by Liz Clayman - 2014


Voilà que je tombe sur un article dans Femme Actuelle qui nous explique que des chercheurs et certains médias anglo-saxons auraient découvert un syndrome du "vagin mort" suite à l'usage trop intensif de sextoys. Ainsi donc, une utilisation abusive des vibromasseurs et autres sextoys pourrait entraîner une perte de sensibilité importante et définitive, au niveau des parties génitales et donc des difficultés à atteindre l'orgasme.
Je m'interroge déjà sur la notion d'utilisation abusive... Tous les jours, plusieurs fois par jour, toute les semaines...?
Femme Actuelle s'empresse de nous rassurer. Non, les sextoys ne tuent pas notre vagin. Non, la masturbation ne va pas nous faire perdre toute sensibilité au niveau des parties génitales, et encore moins nous priver d'orgasme !

Le Dr Shazia Malik, gynécologue à Londres, interrogée par le journal Metro assure en effet, qu'il n'y a aucune preuve médicale que le syndrome du vagin mort existe réellement et que l'utilisation de sextoys peut nuire au vagin ou au clitoris.

Ouf ! On a eu chaud !
Que des chercheurs se penchent sur une question aussi idiote me sidère. Ce n'est pas comme s'il n'y avait pas de vrais problèmes à résoudre concernant notre sexualité. Tiens, par exemple, trouver un moyen de contraception qui ne nous tue pas à petit feu... ou améliorer le sort des centaines de milliers de femmes excisées de part le monde.
Il aurait simplement suffi d'interroger les utilisatrices de ces joujous magiques.
Parce que je ne sais pas pour vous, c'est quelque chose dont on ne discute pas vraiment en détails entre copines, mais moi, les sextoys me rendent plutôt gourmande et constituent une délicieuse mise en bouche. Et parfois me permettent de terminer en beauté ce que ces messieurs n'ont pas vraiment réussi ou suppléent à leurs petites déficiences ou fatigue passagère. Parce que oui, messieurs, alors que vous sommeillez vaguement du juste repos du guerrier, épuisés par vos prouesses (petites natures !), il arrive (souvent...?) que nous ayons juste envie de recommencer, et que nos sextoys aient une endurance bien supérieure à la vôtre. A condition d'avoir bien pensé à les recharger...
La masturbation reste encore un tabou. Depuis le 18ème siècle, elle est accusée de tous les maux : abrutissement, diminution de la mémoire et de l’intelligence, faiblesse physique et... surdité, bien sûr. Tout cela à cause d'un illustre (inconnu) médecin suisse, Samuel Auguste Tissot auteur d'un ouvrage au titre évocateur L’onanisme, dissertation sur les maladies produites par la masturbation.
Depuis, les mentalités ont quand même un peu évolué et l'on reconnaît les bienfaits de la masturbation, notamment dans la découverte du corps et de la sexualité chez les adolescent.e.s. Pourtant, elle reste largement perçue comme un palliatif à une activité sexuelle réelle avec un.e partenaire, un dérivatif dédié aux célibataires ou aux femmes et hommes insatisfait.e.s.
Et surtout, elle est encore avant tout envisagée comme une pratique essentiellement masculine. La masturbation féminine demeure encore tabou et surtout méconnue, des femmes en premier lieu, même si en 2019 selon une enquête IFOP, trois Françaises sur quatre déclarent s’être déjà masturbées au cours de leur vie. Contre 60% en 2006, 42% en 1992 et à peine 19% en 1970. On partait de loin ! Et même si les articles sur le Net nous expliquant comment atteindre l'orgasme se multiplient. Une rapide recherche "masturbation féminine" en français me donne 7 510 000 résultats en un instant. Mais je reviendrai un autre jour sur ce sujet inépuisable...
L'enquête de l'IFOP détaille également que cette banalisation de la masturbation féminine est corrélée à une explosion de l'usage des sextoys.

La pratique de la masturbation tend également à se banaliser sous l’effet d’une explosion du nombre de femmes utilisant des objets de stimulation physique : près d’une Française sur deux (43%) admet en 2019 avoir déjà utilisé un vibromasseur, contre un peu plus d’une sur trois il y a cinq ans (37% en 2012) et à peine 9% il y a douze ans (2007).

Alors, de là à penser que certains mouvements conservateurs voudraient nous faire croire que l'usage des sextoys va nous "tuer" le vagin... On se demande bien ce qui les dérange. Que les femmes n'éprouvent plus de plaisir ? Ou qu'elles puissent en éprouver sans le concours d'un pénis en chair et en os ?

Britney Spears - Womanizer